Le BFR, qui est le cœur financier de l’entreprise, est un investissement en trésorerie nécessaire et indispensable au fonctionnement de l’entreprise, qui correspond en fait au décalage qui existe entre :
- D’une part, les délais de réalisation des stocks et d’encaissement des créances clients;
- Et, d’autre part, les délais de règlement des fournisseurs, des salaires, des charges sociales, etc…
N’oubliez pas : l’entreprise doit en général, payer avant d’encaisser.
Le BFR comprend deux parties:
- Une partie stable, cyclique et structurelle qui doit être financée par des capitaux permanents,
- Une partie variable et mouvante, provoquée par les variations des actifs disponibles et des passifs exigibles, qui peut être financée par des financements à court terme du type escompte, Dailly, découvert bancaire, etc…
Ces types de financement ne doivent pas prendre la place des capitaux permanents. Une utilisation importante et fréquente de ce type de crédits constitue un facteur de fragilité pour l’entreprise
Important:
Il faut veiller à ce que les variations en augmentation des BFR générés par l’accroissement du chiffre d’affaires qui deviennent permanentes ne soient pas financées par un découvert qui deviendrait chronique.
Une entreprise qui utilise en permanence un découvert bancaire et qui mobilise de manière importante et continue son poste clients devient vulnérable par le risque de liquidité habituel.
- Consommateur de trésorerie, c’est lors des fluctuations de la partie variable du BFR que le risque de liquidité et de cessation de paiement intervient.
- En effet, ce sont les fluctuations du BFR, souvent en progression, et imprévues, mal ou pas financées, qui sollicitent les disponibilités en trésorerie de l’entreprise.
- Ce sont souvent les variations de trésorerie engendrées par les mouvances du BFR qui provoquent les difficultés de trésorerie et la cessation de paiement
- Le manque de trésorerie et le refus des partenaires financiers devant la demande provoquent la cessation de paiement… Partenaires financiers sur lesquels l’entreprise compte peut-être un peu trop souvent…
- Un constat : les chefs d’entreprise n’ont pas assez conscience (certains pas du tout) de l’importance du financement du BFR de leur entreprise…
- Attention ! Ce n’est pas parce qu’un Fonds de Roulement net comptable et positif que celui-ci est suffisant aux besoins de l’entreprise ! Les entreprises qui présentent un fonds de roulement comptable positif peuvent malgré tout rencontrer des problèmes de trésorerie, si le BFR est plus élevé que le fonds de roulement comptable.
93% des défaillances qui concernent des TPE ont été provoquées, faute d’avoir correctement géré leur BFR (T. MILLON-ALTARES).
Ce qu’il est important de prendre en compte dans les besoins à financer, en plus du BFR lui-même, ce sont surtout les variations et les fluctuations de ce dernier, qui constituent un besoin de financement qu’il faut toujours anticiper.
N’oubliez pas : la trésorerie est le carburant de l’entreprise. Dès que le réservoir est vide, le véhicule est à l’arrêt !
Il est impératif de toujours bien financer les investissements et de conserver et de préserver sa trésorerie pour financer son BFR.
CROISSANCE DE L’ENTREPRISE ET BFR
Pour bien conduire sa croissance, l’entreprise doit financer l’augmentation structurelle des BFR, dus à la progression de son chiffre d’affaires, en priorité par l’accroissement de son autofinancement. En cas d’insuffisance de financement dû à un autofinancement trop faible, il faut prévoir de remplacer cette insuffisance si possible par des capitaux permanents (stables) supplémentaires:
Crédit à moyen terme, crédit de restructuration de BFR,
Apport en fonds propres,
Apport en compte courant d’associés, etc…
A défaut, l’insuffisance de capitaux ressortira en découvert…, sauf financement par de l’escompte, Dailly etc… et si ces financements ne sont pas déjà utilisés…
Lors de la croissance de l’Entreprise, le BFR est un besoin de financement, qu’il faut absolument anticiper.
- Le défaut de financement de l’accroissement du BFR est souvent la première cause des difficultés financières de l’entreprise, surtout lorsque les BFR augmentent plus rapidement que l’autofinancement dégagé par la croissance.
- Le drame financier intervient en général lorsque le Chiffre d’Affaires se développe sans rentabilité… ou avec une rentabilité trop faible…
- « Il ne suffit pas de faire du Chiffre d’Affaires… il faut faire du bon Chiffre d’Affaires ! »
Le BFR est souvent la cause et l’origine de la défaillance des entreprises en croissance trop forte, l’autofinancement nécessaire au financement de la progression du BFR, apporté par la rentabilité, étant toujours en décalage et en retard par rapport aux besoins financiers du BFR.
On ne règle pas les problèmes de trésorerie en augmentant le chiffre d’affaires. Bien au contraire, l’augmentation du chiffre d’affaires augmentera les besoins en fonds de roulement et les besoins de trésorerie.
Cycle financier très dangereux !
RESSOURCES EN FONDS DE ROULEMENT
L’exploitation peut dégager des ressources en fonds de roulement. Cette situation peut se présenter dans le cas d’entreprises bénéficiant :
- D’une rotation de stock très rapide,
- D’un crédit client nul (ventes au comptant),
- D’un crédit fournisseurs normal ou quelquefois confortable.
Ces entreprises n’ont aucun besoin en fonds de roulement et disposent même de ressources d’exploitation qui laissent à leur disposition une trésorerie plus que suffisante.
Cette situation privilégiée est cependant à surveiller car le financement de l’entreprise peut reposer en quasi-totalité sur le crédit fournisseurs (Cas particulier des grandes surfaces).
Pour en savoir plus :
M. DI MARTINO :
- Les causes et origines financières de l’Etat de cessation de paiement.
La Gazette du Palais du 18/04/23 – n°13 – LEXTENSO
- « Le besoin en fonds de roulement, ce méconnu »
Revue des procédures collectives – Juillet-Août 2023 – n°4 – LEXISNEXIS SA
DI MARTINO Michel
Expert-comptable
Commissaire aux comptes
Docteur en droit privé
13/09/2023